Les Éditions de La Frémillerie

Les six Druides et les six Épreuves

Tome 1

Extrait du chapître 13

(…)

 

Sorti le premier, François fut saisi à la gorge par une surprise de taille. En effet, regardant tout autour de lui, François reconnut l'endroit immédiatement. Il était dans une arène. Pas n'importe laquelle, il s'agissait de l'arène où il avait subi le deuxième test imposé par le Hêtre de Brocéliande.

-          Tu reconnais l’endroit ? demanda la femme en sortant, à son tour, de la voiture.

-          Si je reconnais ces lieux ? Bien sûr que oui ! s’exclama François les yeux grands ouverts. C’est ici que j’ai subi un test imposé par l'arbre noir !

-          C’est exact, conclut la femme avec un grand sourire.

-          Mais comment est-ce possible ? s'étonna François en la regardant d'un regard incrédule.

-          Tu parles de nous deux, ici, dans cette arène ? demanda la femme amusée.

-          Eh bien oui, normalement, si j’ai bien tout compris, l’arbre noir nous a expliqué que personne ne pouvait…

-          Oui, coupa-t-elle, je vois où tu veux en venir.

-          Expliquez-moi.

-          Déjà, pour commencer, arrête de me vouvoyer, répondit-elle avec un sourire ravageur. Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est que nous ne sommes pas exactement là où devrait être ce décor.

-          Comment ça ?

-          C’est assez compliqué. Ici nous sommes dans ton souvenir.

-          Quoi ?

-          Oui, François. Vois-tu, ton inconscient fait la différence entre un souvenir et ton passé.

-          Mais, un souvenir est quelque chose qui s’est déroulé dans le passé et…

-          Cesse de m’interrompre, François, coupa la femme. Si tu ne m’écoutes pas correctement, tu ne comprendras rien.

-          Très bien, excuse-moi. Je t’écoute, affirma François paralysé par le regard éblouissant de cette femme.

-          Sage décision, conclut-elle.

     D’un pas lent et sûr, la femme alla fermer la portière de la voiture et se retourna afin de capter le regard de François.

-          Je disais donc, reprit-elle, que ton inconscient fait la différence entre le passé et le souvenir. D’un point de vue spirituel, il faut savoir que ses deux choses sont complètement différentes. Un souvenir est quelque chose où il manque toujours un détail. Le passé, au contraire, se rappelle de tout. Jusque là tu comprends ?

-          Oui, mais je ne vois toujours pas la différence, répondit François très curieux.

-          La voici. Pour le commun des mortels, un souvenir est quelque chose qui a eu lieu dans le passé et donc, quelque part, c’est la même chose mais, c’est là que tout le monde se trompe ! Il est vrai que le souvenir est une situation passée. La différence est dans sa façon de le protéger. Un souvenir est fragile voire fébrile. Voilà pourquoi la plupart des gens ont des souvenirs vagues d’une situation ou d’une personne. Le passé est, quant à lui, solide. Maintenant, d’un point de vue purement spirituel, tu peux te protéger.

-          Me protéger ? demanda François sans trop comprendre.

-          Oui. Lorsque ton inconscient a distingué une situation comme étant un souvenir, alors, les gens sachant tirer parti de ce savoir peuvent pénétrer en toi et découvrir des parcelles de ta vie. C’est ce que nous faisons actuellement, souligna-t-elle d'une voix douce.

-          Je crois comprendre, s’exclama François porté par une illumination.

-          Nous sommes là pour savoir ce qui s’est passé ici. Si je ne me trompe, tu ne sais plus comment tu as réussi ce test, n’est-ce pas ?

-          Oui. C’est une situation difficile à imaginer. J’étais cerné par une espèce de grosse sphère irradiant une grande puissance. Aucune possibilité de m’en sortir, et, malgré cela, j’ai réussi le test, raconta François en se remémorant cet instant.

-          Et c’est là que j’interviens, François, répondit la femme sereinement. Le problème n’est pas de savoir ce qui a bien pu se passer mais de te rappeler comment tu as réussi. Une fois que tu te rappelleras de tout, ton inconscient refera le tri dans ta mémoire. Alors nous saurons si ce moment de ton existence est devenu un bout de passé ou bien s’il est resté un souvenir.

-          Mais, si je me souviens, tout sera clair et je ne vois pas pourquoi ce moment là resterait un souvenir.

-          Déjà, je vois que tu as compris ce qu’est un souvenir et ce qu’est le passé d’un point de vue spirituel, répondit la femme soulagée. Deuxièmement, j’ai omis de t’expliquer ceci. Si ce moment-là ne fait pas partie d’un moment marquant ou très important pour toi, alors cela restera un souvenir. Si, au contraire, ce moment est pour toi quelque chose de spécial alors il figurera dans ton passé.

-          J’ai compris, s'étonna François. Ce que tu veux dire, c’est qu’en étant un bout de mon passé, ce moment de ma vie sera protégé par mon inconscient mais, s’il ne m’a pas marqué ou, que pour moi il n’y a rien d’important dans cette situation alors les personnes ayant ce savoir pourront venir voir ce qui s’est passé.

-          Tout à fait ! Voilà donc la différence entre le passé et un souvenir.

-          Mais, dit-il en réfléchissant, j’ai la nette impression que je peux protéger mes souvenirs.

-          Oui, répondit-elle étonnée que François comprenne de plus en plus rapidement. Sache que ta spiritualité a atteint une évolution très haute. Quand tu te rappelleras de tout, tu comprendras, mais il est vrai que tu possèdes le savoir de la protection des souvenirs. Sans ce savoir, tes souvenirs seraient donc exposés à tout le monde, ou plutôt, à ceux qui savent comment y accéder.

 

     A cet instant le sol trembla. La femme et François s’arrêtèrent de parler. En plein centre de cette arène, une fissure, qui se transforma, rapidement, en un très gros trou, fit son apparition. Subitement, un jet d’eau en jaillit et quelques secondes plus tard, le trou cracha le corps d’un jeune homme.

Après quoi, le jet d’eau retomba et le trou se referma comme si rien ne s’était passé. Le jeune homme expulsé par ce jet d'eau s’écrasa sur le sol sablonneux. En se relevant, il donna l’impression de ne ressentir aucun mal. Les secondes suivantes, des personnages, habillés de blanc et portant une capuche, firent leur apparition sur les gradins de cette arène. François constata que ces gens sortaient de l'invisible. Puis ces personnages se mirent à crier son nom. Alors, pris de tremblements, François se rappela et il contempla le jeune homme qui était au centre de l'arène. C'était lui : il se voyait !

LF